Premier Amour – Samuel Beckett

Samuel Beckett
Patrick Michaëlis
« Regard complice » Michel Bruzat
Lumières : Franck Roncière
Costumes : Dolores Alvez Bruzat

« Le tort qu’on a, c’est d’adresser la parole aux gens »

A la lecture j’ai beaucoup ri. Beckett met son personnage, dans une situation absurde et dans cette situation il dit des choses absurdes, mais avec une sensibilité formidable. Au coeur de tout cela, il y a ce sentiment de vide que l’on peut si bien comprendre aujourd’hui. Beckett adorait Buster Keaton et plus je lis « Premier amour » plus je crois que le comique est au coeur de ce texte, plus c’est drôle, plus c’est tragique. Chez Beckett, tout repose sur le silence. Je me suis toujours senti une parenté avec le monde de Beckett, mais j’ai toujours été très intimidé. Et puis il y a 50 ans d’amitié, de connivence avec Patrick Michaëlis…
MB

« Seuls les mots rompent le silence, tout le reste s’est tu. Si je me taisais je n’entendrais plus rien. Mais si je me taisais les autres bruits reprendraient, ceux auxquels les mots m’ont rendu sourd, ou qui ont réellement cessé. Mais je me tais, cela arrive, non, jamais pas une seconde. Je pleure aussi, sans discontinuer. C’est un flot ininterrompu, de mots et de larmes. Le tout sans réflexion. Mais je parle plus bas, chaque année un peu plus bas. Peut-être. Plus lentement aussi, chaque année un peu plus lentement. Peut-être. Je ne me rends pas compte. Les pauses seraient donc plus longues, entre les mots, les phrases, les syllabes, les larmes, je les confonds, mots et larmes, mes mots sont mes larmes, mes yeux ma bouche. Et je devrais entendre, à chaque petite pause, si c’est le silence comme je le dis, en disant que seuls les mots le rompent. Eh bien, c’est toujours le même murmure, ruisselant, sans hiatus, comme un seul mot sans fin et par conséquent sans signification, car c’est la fin qui la donne, la signification aux mots. »
Samuel Beckett, Texte pour Rien

  • Spectacle disponible en matinées scolaires

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